mardi 13 janvier 2009

«Le problème est que les gens ne pensent à la cause palestinienne que lorsqu’il y a un massacre»

Ce lundi, ambiance houleuse à la Maison régionale de l’Environnement et de la Solidarité. Deux jours après la manifestation de soutien à Gaza, l’Association France-Palestine Solidarité du Nord-Pas-de-Calais fait le point en attendant le prochain rassemblement dimanche 18 janvier au marché de Wazemmes. Reportage.

La plupart des membres se sont félicités du rendez-vous : plus de 10 000 personnes étaient présentes, soit trois fois plus que la semaine précédente. Toutefois, quelques débordements ont été notés. « Il y avait beaucoup de jeunes très énervés, explique Sarah, membre de l’association. Certains d’entre eux scandaient des propos violents, criaient « Vive le Hezbollah » ou encore « Rangez les mouchoirs, sortez les armes » , c’est dommage. ». À sa droite, une femme s’indigne : « Non, les jeunes ont été exemplaires ! J’ai vu des policiers de la BAC de Tourcoing entraîner certains d’entre eux dans des abribus. Ils les ont obligés à retirer leurs keffiehs. C’est eux qui les ont provoqués. »

Tous sont néanmoins d’accord sur une chose : trop peu de jeunes « blancs » étaient présents à la manifestation. Pour les attirer, certains ont évoqué l’idée d’un concert du groupe MAP (Ministère des Affaires Populaires) en marge des prochains évènements.

« Les slogans n'ont rien d'antisémites »

Autre point qui fâche : l’attitude des élus de la région. « Le PS est pro israélien », annonce d’emblée l’un des participants. Tout le monde semble d’accord. Plusieurs élus, dont Gilles Pargneaux, maire d’Hellemmes et premier secrétaire de la fédération socialiste du Nord, ont mis en garde l’AFPS contre des risques de dérapage antisémite. Le ton monte lorsqu’on évoque ce sujet, d’autant plus que la plupart des membres présents à la réunion sont affiliés à des partis d’extrême-gauche : « Ils trouvent les slogans des bannières trop radicaux, mais ils n’ont rien d’antisémites et si on cède là-dessus, c’est tout le contenu de nos revendications qu’on remet en question. »

Pour Abdallah, assis au fond de la salle, « Ce qui se passe aujourd’hui, ce n’est pas un mouvement régional. La France entière manifeste contre le massacre, le monde entier crie « Israël assassin ». Au gouvernement de suivre le peuple. Pour Ingrid Bétancourt, pour le Tibet, tout le monde était motivé. Aujourd’hui, il n’y a plus personne. »

Boycott des produits israéliens?

Le président de l’AFPS du Nord-Pas-de-Calais, Jean-François Larosière, explique que le but premier de l’association est de continuer la lutte pour peser sur les pouvoirs publics. « Les autorités françaises gardent les bras croisés pendant que les Palestiniens se font massacrer, c’est inadmissible. » Alors en plus des manifestations, l’association prévoit d’organiser des réunions publiques, de distribuer des tracts encore plus nombreux, de faire circuler des pétitions, ou encore de valoriser le jumelage de Lille avec la ville de Naplouse. L’idée d’un boycott des produits israéliens est également envisagée.

Nabil El-Haggar, vice-président de l’Université des Sciences et Technologies de Lille,(voir vidéo ci-dessous), estime que « le problème est que les gens ne pensent à la cause palestinienne que lorsqu’il y a un massacre. Il faudrait que cette cause soit omniprésente dans leurs esprits. » Avant de rajouter : « D’ailleurs, on ne parle ici que de la violence physique. Mais il ne faut pas oublier les autres formes de violence. Les blocus, la colonisation de la Cisjordanie, ça aussi, c’est de la violence. Et c’est ce qui est à l’origine du conflit.»




Safar Baroud

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